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L'industrie du troisième millénaire |
in L'Hebdo - BoursePlus.com - N°226 - Vendredi 31 0ctobre 2003 |
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Revue de presse |
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Interview - Thierry Ehrmann, fondateur d'Artprice : «Les banques ont annihilé l'idée du risque et c'est là où la plus-value n'est plus méritante, mais malveillante. L'Hebdo - Bourseplus.com : Artprice est souvent présentée comme une jeune pousse de référence dans l'univers de la nouvelle économie. Votre concept est unique au monde, puisque vous avez constitué «la» base de données mondiale sur l'art. Pouvez-vous nous résumer votre histoire ? Thierry Ehrmann : Le groupe Serveur produit et utilise des banques de données depuis 17 ans. L'Internet était pour nous le réseau naturel de développement, puisqu'il permet de passer d'une vision industrielle européenne à une vision mondiale. Nous savions distribuer et vendre de l'information à valeur ajoutée et nous maîtrisions tous les processus industriels. Encore fallait-il que le marché soit mondial. Il faut savoir que trois marchés sont, depuis la nuit des temps, de taille mondiale : la finance, les matières premières et l'art. L'art est le concept qui résiste à tout, puisque le marché de l'art est le plus vieux marché du monde. Ce marché a résisté à pratiquement tous les chocs que nous avons connus. Dans ce marché, il y a deux types d'acteurs : les initiés et les victimes. Les initiés sont les grands acheteurs et les collectionneurs qui disposent d'une multitude d'informations, et les victimes sont ceux qui ne maîtrisent pas l'information. Un grand marchand d'art consacre généralement un tiers de sa surface aux oeuvres et les deux tiers restants sont consacrés à l'information et au stock. Notre pari de départ est de penser qu'il existe réellement un marché de masse, puisque 97% des oeuvres d'art sont vendues à un prix inférieur à 10 000 euros et 50% le sont à moins de 1 000 euros. Nous avons réussi ce pari, car nous annoncerons la semaine prochaine qu'Artprice dépassera les 150 millions de requêtes au cours du mois de septembre. Nous avons 875 000 clients propriétaires, c'est-à-dire des personnes qui ont déposé leurs données physiques par voie électronique. C'est unique. Nous analysons et traitons plus de 2900 maisons de ventes. Le chiffre d'affaires d'Artprice révèle ce cycle permanent. Nous avons des clients dans le monde entier, aussi bien en Ukraine, en Biélorussie, en Amérique du Sud, au Luxembourg, qu'en Amérique du Nord. En bourse, il est important de porter une vision. Notre vision était d'être au marché de l'art ce que Reuters est au marché financier. Un jour, le vice-président de Reuters m'a dit : «Vous êtes arrivé à faire le Reuters de l'art.» Quelle satisfaction ! Vous annoncez un chiffre d'affaires en progression, après plusieurs années difficiles. Quelle est votre explication ? Nous avons eu un conflit d'hébergement avec notre précédent centre serveur, Jet Multimédia, qui a eu des conséquences très lourdes. Nous sommes restés chez Jet Multimédia pendant 18 mois avec près de 3 millions de requêtes. Nous en sommes sortis le 21 mars, par ordonnance de justice, et nous sommes passés à 15 millions, 30 millions, 50 millions, 80 millions, pour arriver à 150 millions de requêtes. Cette progression a été enregistrée dans un contexte de récession de l'économie mondiale et avec des moyens bien moindres que ceux dont nous disposions au début. C'est la meilleure des preuves du bien-fondé de notre pari. Tout le pari d'Artprice reposait sur cette question : le marché repose-t-il sur 500 000 grands collectionneurs, ou sommes-nous dans un marché de masse composé des CSP+ d'Amérique du Nord, d'Europe du Nord et d'Asie ? Nous pouvons dire officiellement aujourd'hui que nous avons gagné notre pari. Nous allons passer sur le kiosque de France Télécom, qui nous permettra de réaliser 15 millions d'euros de chiffres d'affaires. C'est amusant, parce que le communiqué de presse de France Télécom annonçant le kiosque correspond, à la virgule près, à ce que j'écrivais dans notre prospectus de 1999. Il y a une dizaine d'années, nous avions multiplié notre chiffre d'affaires par 30 ou 40 lorsque nous sommes passés du mode d'abonnement au mode kiosque. France Télécom, à l'époque la DGT, avait libéré de la bande passante. Il est évident qu'aucun Français n'aurait acheté de l'information sur Minitel, s'il y avait eu des problèmes de carence de la part du transporteur. Le jour où France Télécom a libéré de la bande passante, notre fortune s'est faite sur les banques de données professionnelles. 80% de nos clients sont des grands comptes : assureurs, grands musées américains, banques privées… Ce sont des gens qui ne peuvent pas acheter sans avoir trois coups de tampon de chefs de service. Lorsqu'ils utilisent leur carte de crédit personnelle, ils ont des difficultés pour se faire rembourser, car le comptable estime qu'ils n'ont jamais le bon document. C'est un réel problème. Il est donc plus aisé de proposer un système permettant de débiter l'acte d'achat directement sur la facture téléphonique. Aujourd'hui, nous pouvons vendre de l'abonnement d'une manière illimitée. Le groupe Serveur a une filiale qui est un opérateur de télécommunications qui nous permet d'avoir de la bande passante d'une manière pratiquement illimitée. En 1997, j'avais annoncé en première de couverture du Monde que le milliard d'internautes serait franchi à l'horizon 2004-2005. C'est quasiment fait : il y a 780 millions d'internautes et le milliard sera franchi au cours du premier semestre 2004. Lors d'une récente réunion avec des analystes financiers, plutôt que de prédire l'avenir, j'ai repris certains de mes discours d'il y a neuf ans : l'Internet aura un kiosque, l'Internet passera par l'électricité, le téléphone passera en protocole IP… C'est un clin d'oeil malicieux, mais qui permet de mesurer que nous ne sommes pas vraiment en dehors des clous. Mais comment analysez-vous la descente aux enfers du titre Artprice en bourse ? Je pense sincèrement que nous allons vers un retournement de conjoncture. Le marché a une mémoire animale et, contrairement à ce que l'on a pu dire sur la bulle Internet, tout ce que nous avons pu dire au marché a été au-delà de ce que nous pouvions imaginer. Il suffit d'analyser les prévisions sur le commerce en ligne et sur le nombre d'abonnés, pour se rendre compte que la réalité a maintenant dépassé la fiction. Voilà pourquoi, depuis des années, je dis aux conseils d'administration que nous allons aller vers un grand retour des valeurs Internet. C'est logique, parce que le marché a une mémoire animale. Les jeunes pousses qui ont survécu, non seulement vont retrouver leur cours d'introduction, mais elles le dépasseront. Je vais prendre notre exemple. Nous disposons d'une source importante de clients renseignés. Nous savons qu'un client, quand on connaît sa typologie d'achat, a une valeur de 6 000 à 8 000 euros. Nous avons une banque de données de 900 000 clients - déposée à la CNIL - dans laquelle nous avons l'intégralité de leurs comportements dans le domaine de l'art. Cette valorisation mettrait déjà l'action à un cours de 50 euros, ce qui était celui du premier jour de notre introduction. Cette méthodologie n'a rien de fantaisiste, puisque c'est celle qui est utilisée traditionnellement. Mais n'avez-vous pas voulu toujours aller trop vite ? Oui, mais l'essentiel c'est d'être vivant. Serveur est quand même une société qui a 93 millions d'euros de fonds propres. Je crois que nous avions raison 3 ou 4 ans trop tôt et que nous avons pu ainsi limiter la casse. L'Internet a été victime des banques d'affaires. Mais tout ce qui a été fait dans l'Internet n'était pas nouveau, puisque les réflexions sur la dématérialisation de l'économie datent des années 80 en Occident. Beaucoup de gens n'ont pas vraiment compris ce qui s'est passé lorsque l'Internet a été un réel succès. Les événements du 11 septembre 2001 ont réellement changé la face du monde, car nous sommes entrés dans une vision conservatrice et dans un schéma de rétractation de la science. Cependant, l'Internet a toujours continué de croître. Il ne faut pas oublier que l'Internet sera le seul secteur dans lequel nous aurons une croissance à deux chiffres pendant encore 5 à 7 ans. Par exemple, en France, on enregistre quotidiennement plus de 10 000 souscriptions à l'ADSL. Revenons à vos péripéties boursières : vous accusez vos banques de vous avoir spoliés lors de l'introduction en bourse d'Artprice. Le scénario est compréhensible par un écolier : les banques chargées de vous introduire choisissent d'une manière discrétionnaire les institutionnels figurant dans votre capital. Le prix d'introduction est fixé à 19,6 euros et, le jour de votre introduction, l'action atteint 50 euros. Vous vous apercevez qu'un million de titres sont vendus en quelques heures, ce qui représente une plus-value extraordinaire. A qui a profité le crime ? Je vais reprendre l'expression utilisée par votre journal : les banksters. Je pense que les meilleurs banksters sont certains ITM, c'est-à-dire les introducteurs teneurs de marché. Je suis juriste de formation et j'ai longuement analysé ce qui s'est passé. Les faits sont d'une simplicité biblique et ils peuvent s'expliquer en quelques minutes. C'est ce qui fait une bonne affaire judiciaire. Lorsque vous allez en bourse, vous allez sur un marché réglementé. Les autorités de marché vous demandent de constituer un placement garanti, fait de noyaux durs et d'institutionnels qui sont censés rassurer la société émettrice et l'accompagner durablement par rapport à la part du grand public, qui est censée être plus volatile. Nous devons donc nommer un ITM (Introducteur teneur de marché) qui se voit confier un mandat afin de veiller aux intérêts de la société émettrice. Il est bien noté, dans notre prospectus d'introduction, que le prix sera fixé par le conseil d'administration la veille du début de l'offre. Ce prix résultera de la confrontation entre l'offre de titres et la demande d'achat émise par les investisseurs, selon la technique dite de constitution du livre d'ordres. Une certaine demande nous permettait d'apprécier le haut de fourchette d'Artprice. Quelques jours plus tard, l'action a été suspendue pendant 7 jours et, au lieu de coter 19,3 euros, elle a atteint 55 euros avec plus d'un million de titres échangés. Le calcul est simple : le grand public a eu moins de 250 000 titres et je ne vois pas comment on a pu jongler avec un million de titres en quelques secondes. Cela veut bien dire que ce fameux noyau dur, selon le voeu des autorités de marché censé accompagner durablement la société émettrice, a rejeté sa participation dans les minutes qui ont suivi. C'est ce que j'appelle le dol et la consommation du dol. Mais pourquoi soulevez-vous cette affaire au bout de trois ans ? D'abord, ce n'est pas trois ans, mais un an après. L'introduction en bourse est un processus complexe et, au cours de la première année, nous avons essayé de démanteler le système et de le comprendre. Nous avons pu constater que le premier prix est un prix indicatif, comme son nom l'indique, et que seule la vraie confrontation entre l'offre et la demande, en présence du livre d'ordres, constitue in fine le prix. Nous avons donc interrogé nos introducteurs, d'abord oralement, ensuite par écrit, enfin par courrier d'avocat. La première question a donc été posée dès l'année 2000. Nous avons donc observé, tenté de comprendre, posé des questions et commencé à introduire une action judiciaire. La voie judiciaire a été engagée l'année dernière, mais notre adversaire a joué sur différentes possibilités de report. C'est seulement en septembre 2002 que nous avons pu commencer à plaider. Nous avons procédé à une expertise in futurum, au titre de l'article 145 du nouveau Code de procédure civile. Les journalistes de La Tribune ont commis une énorme erreur dans un récent article. Je tiens à préciser que l'expertise in futurum permet de réunir les parties autour d'une table avec un expert. C'est une sorte d'arbitrage discrétionnaire. Nos contradicteurs ont fait preuve d'une mauvaise foi particulière en indiquant qu'ils n'avaient pas à donner le livre d'ordres en raison du secret professionnel ! Mais où est la transparence financière ? Ils ont essayé de nous noyer dans des cours sur l'introduction en bourse. Mais il n'y avait toujours pas de livre d'ordres et toujours aucune explication sur les paquets de titres qui ont circulé. Tout cela ne tient qu'en une seule ligne : il existe bel et bien un livre d'ordres. On connaît celui qui a tenu ce livre d'ordres. La banque introductrice avait parfaitement connaissance que la demande était 94 fois supérieure. Il lui appartenait donc, de par son mandat, de se rapprocher de la société émettrice et de veiller au mieux à ses intérêts en lui répercutant cette souscription qui était démentielle. Le président d'Euronext m'a même confié que la souscription d'Artprice était la plus importante après celle d'Indosuez. Dès la première seconde, un million de titres à 55 euros ont été vendus, il y a bien eu 55 millions de cash en quelques minutes qui se sont évaporés. Il aurait donc été normal de mettre un cours d'introduction se situant dans les 40 à 45 euros et certainement pas à 19,6 euros. Je demande donc qui a profité de cet argent en quelques minutes ? J'admets que l'on puisse gagner beaucoup d'argent en bourse en prenant beaucoup de risques. Il y a, depuis la nuit des temps, cette notion de risque et de plus-value. Dans le cas des ITM, nous avons souvent affaire à des banksters, puisque ce sont des gens qui ne prennent absolument aucun risque. Ce comportement est scandaleux, notamment vis-à-vis des autorités de tutelle car ces gens se moquent de la COB, d'Euronext et surtout de nos 18 000 actionnaires. Artprice est l'une des rares entreprises cotées au Nouveau marché qui a 18 000 actionnaires, car la moyenne est de 1 200. Ce comportement a privé la société de fonds propres considérables. Nous avons demandé des comptes. Je me suis rapproché, d'une manière discrétionnaire, d'un certain nombre d'opérateurs qui estiment que ce procès est salutaire. Nous retrouverons des introductions lorsque l'on aura nettoyé ce problème et moralisé le système. En tant qu'entrepreneurs, chaque matin, nous avons droit à une leçon de la COB avec des pages entières de questions et certaines banques osent invoquer le secret professionnel lorsque nous demandons ce qui s'est passé pendant 8 jours. C'est hallucinant ! Le législateur devrait-il revoir de fond en comble ces mécanismes boursiers qui sont de plus en plus utilisés à des fins spéculatives, et non au développement des entreprises et de l'emploi en France ? C'est bien pire ! Dans l'étymologie du mot spéculation, il y a cette notion de risque. Les banksters ne prennent même plus de risques. Je leur en veux car, non seulement ils prennent deux millions d'euros d'honoraires, mais en outre ils ne prennent aucun risque. Ce n'est même plus de la spéculation, c'est de l'enrichissement garanti. Ces quelques exemples ne donnent-ils pas des arguments de bon sens à ceux qui caricaturent le capitalisme ? On a dévoyé le sens de la bourse. Le combat de Nicolas Miguet va dans ce sens. La bourse est quelques chose de fascinant, parce que c'est à la fois capitaliste et communiste. Il y a une démarche très charismatique. Quelqu'un qui va en bourse accepte de dissoudre sa personne dans l'actionnariat. Cela va très loin, c'est un accomplissement et c'est l'ultime aboutissement de l'acte capitalistique qui réconcilie le capitalisme au partage de l'outil et du labeur, au sens marxiste du terme. La bourse est une vraie philosophie. Au milieu, les banques se comportent en véritables banksters. Quand on me parle de la bulle Internet, ce qui a le don de me faire monter la pression, je demande qui s'est enrichi… Nous savons tous que les fondateurs des jeunes pousses étaient bloqués entre 1 et 3%. Mécaniquement, qui a pris des sommes colossales ? Qui a fait flamber les cours ? Qui a instrumenté des plus-values spectaculaires sans prendre le moindre risque ? Ce sont les banques ! C'est exactement le cas de la dette d'Eurotunnel. Les banques sont concurrentes des marchés et les deux ne peuvent pas fonctionner ensemble. La preuve, les entrepreneurs disent souvent : ou je me ressource auprès des banques, ou je me ressource auprès du marché. Si les banques se mettent à tenir le marché, c'est foutu ! Les banques ont failli dans les placements d'une manière hallucinante. Nous sommes des dirigeants d'entreprises et nous subissons les sermons quotidiens de la COB. Nous acceptons de recevoir le vendredi soir des télécopies avec 180 questions ! Nous acceptons d'avoir nos juristes et nos experts comptables en pleurs qui doivent travailler des nuits blanches pendant des semaines ! Mais dans ces cas là, les banques doivent subir la même pression ! Si l'on ne nettoie pas le bankstérisme, il n'y aura plus d'introductions en bourse. Ce qui se passe est historique : depuis l'histoire de la bourse au 18(superscript: ème) siècle, on n'a jamais vu cela. Par exemple, aujourd'hui, Google arrive en bourse avec un processus d'enchères inversées sans les ITM. C'est symbolique. Je ne cherche pas à tuer la banque, mais la banque a une autre vision que la bourse. Les banques n'ont pas compris la bourse et ces protagonistes sont faits pour s'affronter. N'est-ce pas paradoxal que de voir cet outil qu'est Artprice, qui symbolise la création, l'intelligence, la découverte et l'éveil, littéralement souillé par une affaire spéculative et violé par des banksters incultes ? C'est pour cela que nous allons jusqu'au bout. Les banksters, qui n'oublient jamais de demander à leurs clients des agios, savent qu'ils devront payer, un jour ou l'autre, les méfaits qu'ils ont commis. Enfin, que pensez-vous de l'action entreprise par notre journal sur le dossier Eurotunnel ? L'histoire de Nicolas Miguet est intéressante. Il y a des circonstances : ce qu'il fait actuellement, il n'aurait pas pu le faire avant. Cela prouve qu'il y a une demande. Il y a une corrélation entre ce qu'il fait et l'air du temps. Ce n'est pas de l'opportunité, c'est l'offre et la demande qui se marient à un certain moment. Certains estiment qu'il y a un côté poujadiste ou populiste dans cette action. Personnellement, je ne vois pas d'action politique. Il met en musique et en éveil cette exaspération des petits porteurs, qui est bien réelle. C'est courageux, parce qu'un certain nombre de gens se chargent de lui faire les pires choses. Lorsque l'on regarde ce qui s'est passé avec Orange, France Télécom, Eurotunnel, il y a de véritables scandales, il n'y a pas d'autre mot. Eurotunnel est le grand scandale du siècle et la campagne de Nicolas Miguet a d'importantes répercussions. Le vieil adage est bon : en bien ou en mal, l'essentiel est qu'on en parle… Nicolas Miguet a, mine de rien, le mérite de faire avancer le Parquet, la COB et les politiques. Il faut des trouble-fête, des électrons libres, avec tous les risques que cela comporte. Beaucoup de gens se sont chargés de lui couper l'herbe sous le pied, il a avancé, et ce combat a l'avantage de remettre la bourse aux mains des actionnaires. La bourse relève d'une communion avec les actionnaires. Avec les banques, on est sorti de la communion pour une retraite dans la grande Chartreuse ! Nous avons une surveillance étroite de la démarche de Nicolas Miguet, qui est très singulière. Je trouve que certains journaux se comportent d'une manière pathétique et facile en stigmatisant Nicolas Miguet. Je mesure très bien l'effort que demande un tel combat et j'ai conscience du poids qui repose sur ses épaules. J'ai de l'admiration pour cette démarche. On critique Nicolas Miguet en disant n'importe quoi ! Mais il est porté par un mouvement de fond : comment a-t-il eu ses pouvoirs ? Oui, son audiotel explose, oui, les ventes de son journal explosent, cela prouve bien qu'il est tiré par cette voix populaire. Si ce n'était pas le cas, il ne représenterait que l'ombre de lui-même. Tout a été fait au cours de ces dernières années pour dégoûter l'actionnariat populaire. Le processus de fusion des banques - car il n'y aura bientôt que deux grandes banques par pays - entraînera une catastrophe pour l'économie. Les banques sont l'ennemi de la bourse : j'ai mis du temps pour le comprendre, car cette distinction est très difficile à établir. A côté, les grands spéculateurs sont des enfants de choeur, car ils ont la notion de risques. Quand un Sorros joue la livre sterling ou s'amuse à faire le pitre sur des grandes valeurs, il prend un risque colossal et il s'est pris parfois des bouillons considérables. Or, les banques ont annihilé l'idée du risque et c'est là où la plus-value n'est plus méritante, mais malveillante. Propos recueillis par Yannick Urriencopyright 2003 © Hebdo - BoursePlus.com |
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